Au début du moyen age se constituent peu à peu des "communes" , appelées "Bourgs". A l'origine, le terme "bourgeois" servira justement à désigner les habitants des bourgs. Celles ci obtiennent souvent des franchises, et s'organisent de façon indépendante. Mais très vite, les divisions se creusent entre habitants... On distingue les "majores, divites" (les gras) et les "minores, pauperes" le commun, les pauvres. Et souvent, ça se creuse tellement que ça finit mal..Comme rapporté ci dessous dans le tome 1 (il en compte cinq) d'un ouvrage qui raconte l'histoire de France non pas à travers les "grands hommes" (ceux qui laissent en règle générale une trace sanglante dans leur sillage) mais à travers les gens du peuple...
Extrait du Livre : "Histoire du peuple français". Tome 1 "Des origines au Moyen Age" (contenant lui même un extrait d'époque)
Sans avoir toujours un caractère
aussi grave, on note des insurrections, survenues toujours entre bourgeois et peuple, à Paris en 127O, à Provins, à Rouen, Caen, Orléans vers 1280, à
Béziers en I288, à Reims en 1292, etc . Les causes sont presque toujours les mêmes: au sein de la
population urbaine une oligarchie bourgeoise s'est constituée, composée en général de
riches commerçants qui s'approprient les charges de la ville et d0nt la gestion financière en particulier est détestable. Le juriste Beaumanoir a décrit très clairement
la cause et le processus des troubles :
" Nous voyons plusieurs bonnes villes où les pauvres ni les moyens (les moins
pauvres) n'ont nulles administrations de la ville, mais les ont toutes les riches hommes pour ce qu'ils sont redoutés du commun pour leur avoir ou pour leur lignage (à cause de leur
fortune ou de leurs relations de famille )
Ainsi advient iI que les uns sont maires ou jurés ou receveurs (trésoriers); et en l'autre année après les font de leurs frères (ils nomment dans ces charges leurs
frères) ou de
leurs neveux ou de leurs prochains parents si bien
qu'en dix ans, ou en douze, tous les riches hommes ont toutes les administrations des bonnes villes. Moults de contents (beaucoup
de discordes) meuvent
dans
les bonnes villes de communes pour Ia
taille, (l'impôt)
car il advient souvent que les riches hommes, qui sont gouverneurs des besognes
mettent moins qu'iIs ne doivent eux et leurs parents, et déportent (exemptent de
l'impôt) les
autres riches hommes. Et ainsi court tout le faix (le poids) dessus la communauté des pauvres hommes. Et pour cela a été maint mal fait, pour ce que les pauvres
ne le voulaient souffrir, et ne
savaient pas bien la droite voie de pourchasser
leur bien (la bonne manière de réclamer justice), hors que de leur courre sus, (de se révolter, en gros). Si en ont été fois
maints occis (on les a trucidé...., traduction perso ) et les villes
mauvaisement démenées p a r les faux
entrepreneurs"
Ce lumineux passage montre en raccourci toute l'histoire des insurrections populaires et pas seulement celles de la période médiévale
: accaparement des fonctions administratives
par les dynasties bourgeoises,
spécialement de celles qui ont trait à la justice et aux finances, injuste
répartition de l'impôt qui fait peser sur
les plus pauvres tout le poids des charges de la cité, et pour finir sursaut exaspérés des faibles que la
justice, détenue par des bourgeois, refuse d'entendre,
qui du reste ignorent de quelle manière se défendre et à qui on ne laisse comme ultime ressource que la violence qui les discréditera.
Fin de l'extrait... On notera en particulier la dernière phrase.. Et encore, à l'époque, les puissants n'avaient pas BFMTV et autres chaines de désinformation.
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