La polémique qui entoure « l’affaire Depardieu » montre une chose : les puissants ont tous les droits. Enfin croient avoir tous les droits. Que cette puissance provienne du talent (réel ou supposé) d’un artiste, du fric que possède le présumé accusé, du pouvoir qui est le sien.
Car enfin, ce qui est reproché à Depardieu, ça arrive également dans pas mal d’entreprises, et dans la vie de tous les jours. Et, très souvent, quand l’accusé est, enfin,….accusé, s’il s’agit d’un cadre moyen le cri général souvent c’est « Ho ben c’était connu ! » « Tu parles, tout le monde le savait » .Et s’il est viré, après avoir usé de son……… talent de persuasion (on va dire ça) pour qu’une femme voit son CDD se transformer en CDI, tout le monde approuve chaudement. (Sauf ses pareils)
Sauf si l’accusé a vraiment des relations. Ou beaucoup, beaucoup de pouvoir. S’il est ministre, par exemple. Là, il se trouve toujours des gens pour le défendre. En règle générale, quand il s’agit d’un artiste, là, « il faut séparer l’homme de l’artiste » !!! En gros, quand t’as du talent, tu peux être un gros cochon.. Comme cela a été dit pour Polanski, et pour quelques autres.
Petit rappel, même s’il ne faut pas tout comparer.
A la Libération, on a fusillé Brasillach. Collaborationniste acharné, rédacteur à « Je suis partout », journal pro nazi, antisémite plus que militant. Mais également grand poète. De ce fait, une pétition avait été lancée et signée par pas mal d’intellectuels. (Paul Valéry, Paul Claudel, Roland Dorgeles, Jean Louis Barrault, Camus, etc.., bref, pas des comiques..)
La grâce avait été refusée par De Gaulle, avec ces mots « Dans les lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilité. ». En gros, c’est justement parce que vous avez de l’influence qu’il faut que vous soyez puni. Plus que d’autres, même.
Et donc, même si je suis contre la peine de mort, je partage ce jugement. Le talent, et le pouvoir, ça crée des obligations. Et, par exemple, s’il eut été normal que Louis Ferdinand Céline reçoive le prix Nobel de littérature pour « Voyage au bout de la nuit », il eût été également normal qu’on le fusillât avec Brasillach, comme Rebatet, a la Libération. Puisqu’à cause de ses écrits, comme pour Brasillach, combien de juifs ont fini dans des camps…
Un exemple plus léger : après le coup de boule de Zidane sur Materrazzi, plein de gens ont dit « Honte ! Quel contre exemple pour la jeunesse ! Il ruine le travail des éducateurs ». Presque personne n’a dit « Il faut séparer l’homme du footballeur !!!! ».
