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vendredi 21 août 2020

Tout de même, Marie, quel destin

Tout de même,  Marie, quel destin..

Pardon, la vierge Marie, mère de Jésus, donc de dieu, puisque dieu le père, dieu le fils, et le saint esprit ne sont qu’un.

Imaginez un peu. Une fille mère, mère d’un petit enfant juif, dans un coin perdu de Palestine, que rien ne prédispose à devenir une célébrité, mais qui compte aujourd’hui des milliers d’églises, de chapelles, de cathédrales portant son nom (Notre Dame de ceci, Notre Dame de cela) réparties sur tous les continents. Elle est même plus célèbre que les Beatles, que John Lennon me pardonne.

Mais donc, la voilà mère d’une enfant qui va devenir un prédicateur parcourant la Palestine, d’après les Evangiles, regroupant autour de lui une bande de beatniks convaincus par ses paroles. On se demande comment ils pouvaient subsister, puisqu’on sait aujourd’hui que la vente de ses paraboles ne lui rapportait rien. Normal, la télé n’existait pas.

Arrêtons de déconner, c’est un sujet sérieux !

Donc, ceux qui le suivaient étaient  pour certains convaincus qu’il allait libérer la Palestine (déjà !), des vilains Romains, pour d’autres qu’il allait revivifier la foi des ancêtres, et la loi hébraïque dans sa pureté originelle.

Car Jésus est un juif orthodoxe, n’en déplaise à certains. Il n’est pas chrétien, et, évidemment, encore moins catholique. La preuve, parole d’évangile, celui de Matthieu, V, 17-19

«Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu, non pour abolir, mais pour accomplir. Car en vérité je vous le dis, tant que le ciel et la terre ne s’effaceront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même sera appelé le plus petit au Royaume des cieux».

Et il s’agit évidemment de la loi de Moise. Vous avez bien lu : pas un seul iota…Orthodoxe à fond, le Jésus.

Et Marie, dans tout ça ? Ben on n’en parle guère, même quand Jésus revient dans son bled natal, où il se fait presque mettre à mort par les habitants qui veulent le pousser du haut de la falaise , sans qu'on parle de sa mère et de ses frères (ben oui, là aussi, quoiqu’en dise la très sainte église catholique et romaine, Jésus a des frères. C’est même l’un d’eux, Jacques, qui sera son successeur à la « tête » de son …disons église après la crucifixion, voir « Les Actes des Apôtres », texte canon reconnu par la très sainte etc…). Donc, Jésus est chassé de Nazareth, ce qui  lui fera dire « Nul n’est prophète en son pays ». Oui oui, c’est de lui.

On en reparlera, un peu, de Marie, sur le chemin de croix, et à la résurrection (pas dans les quatre évangiles).

Donc, on pourrait penser que l’histoire allait s’arrêter là. Jésus avait créé une secte hébraïque de plus, à côté des Pharisiens, des Sadducéens, des Zélotes et surtout des Esséniens, secte de Jean Baptiste, qui avait baptisé Jésus en le désignant comme le  successeur qui le dépasserait. Et donc,  difficile de trouver des adeptes sur un marché déjà fort occupé. Et Marie était la mère d’un prophète supplémentaire, même pas reconnu par les siens. Un prophète de seconde, voire de troisième division. Un rabbi de province, quoi.  Promis à l’oubli le plus total, et sa mère Marie, encore plus.

Mais.

Arrive Paul de Tarse, et là, celui là……. Même pas il a connu Jésus, mais Jésus lui est apparu sur la route de Damas. Il devient…chrétien ?? Disons ça. Mais devant les difficultés à percer sur le marché des hébreux, il va penser à élargir celui-ci aux Gentils (c’est le nom de ceux qui sont pas Juifs….L’histoire des Juifs dans les siècles suivants prouvera qu’hélas, ce nom ne convenait guère..). Paul  va voyager, fréquentant d’abord les communautés juives du pourtour méditerranéen, mais aussi  les « craignants dieu », des pas très orthodoxes, intéressés par la loi, ou certains de ses aspects, mais pas très chauds pour la loi pure et dure, et le Décalogue. Mais si on peut s’arranger avec celle là. Genre s’il est avec la loi des accommodements….

Pour ce faire, adieu la loi de Moise, chère au fondateur. Le Paul, il va te la réformer sévère, la loi. Manger à la table des Gentils ? Allons y. L’obligation de ne manger que de la viande consacrée ? On la jette (pas la viande, l’obligation). La circoncision obligatoire, le signe fondamental de l’alliance avec Yahvé, l’obligation suprême ? Aux orties !!! Cela lui vaudra des engueulades sévères avec « les piliers de l’Eglise », (Jacques et les premiers apôtres)  retranscrites dans les Actes. Mais…ça marche !! Les croyants se multiplient, même si au début, il s’agit d’un genre de secte millénariste qui attend la fin du monde qui ne saurait tarder, d’après Jésus et ses vrais apôtres. . Fin du monde accompagnée de la résurrection pour tous.

Sauf que la fin du monde, elle ne vient pas, que les premiers apôtres disparaissent les uns après les autres, et ne ressuscitent pas, zut alors, et que donc pour ne pas perdre l’enseignement de Jésus, qui ne se transmet qu’oralement et par cœur, ben on va l’écrire. Les premiers écrits étant justement les Actes des Apôtres, vers les années 50 ou 60, puis les évangiles vers les années 80. Après JC, évidemment.  Plein d’évangiles, d’ailleurs, même Judas en a un, mais la très sainte église etc… n’en retiendra que quatre, les autres étant décrétés apocryphes, pas bons, hérétiques, mensongers.

Et Marie, dans tout ça ?? Ma foi, on n’en parle guère.

Mais toujours le cadre de l’élargissement du marché potentiel, chez les descendants de Paul, les idées se multiplient. Dans le monde des Gentils, il  y avait plein de dieux. Les Grecs en avaient 12 (Zeus, Hera, Hephaistos etc…) plus les de demi –dieux, les quarts de dieux, les héros, etc...  Les Romains les avaient plus ou moins naturalisés, les 12, rebaptisés (si l’on peut dire !), Jupiter, Junon, Venus, Mars etc... Idem d’ailleurs pour les peuplades plus lointaines, les Gaulois avec Benelos, Toutatis, les nordiques avec Thor, Odin, etc.. sans parler des Osiris, Isis, Mithra, Baal, etc.. d’autres contrées. Que ces Romains, pas racistes ni xénphobes, et en plus on sait jamais, tant les leurs sont plus vrais que les nôtres, annexaient sans sourciller, et ajoutaient à leur panthéon comme nous ajoutons des contacts à notre portable.

Avec en plus, pour Rome, des petits dieux pour un peu tout. Pour chaque profession, pour chaque maison, pour chaque forêt, pour chaque colline. Et même les empereurs étaient déifiés !

Alors, un seul dieu, c’est dur à faire admettre. Même pas une femme, en plus. Ni Hera, ni Junon, ni Venus, ni Minerve, ni  Isis, ni Freia….Ca marche peut être en Galilée, en Judée, en Samarie (et encore, pas partout !) cette histoire de dieu unique, mais ailleurs..dur dur…

Bon, si on disait qu’il y en a qu’un, mais qu’ils sont trois ? En même temps ? Ça a déjà plus de gueule, non ??? Et « en même temps », comme formule, ça en jette!! Ça marche encore.

Et si on disait que les premiers martyrs, qui sont des saints, sont des intermédiaires entre les hommes et ce dieu ???  Ça peut plaire à tous ces gens qui avaient plein de dieux divers et variés, non ?? Genre  Pierre, il s’occupe des portiers, Eloi, il s’occupe des orfèvres, Christophe est au bureau des objets trouvés, Rita au contentieux juridique, Martin au vestiaire (c’est un spécialiste de la découpe des manteaux)? Et qu’ils font des miracles ?

Et si on disait que la mère du fondateur, c’était…. Bon, pas une déesse, mais presque ???? Genre, qu’elle n’est pas morte ? Ou qu’elle aussi, elle peut guérir des malades ?

Avec l’empereur Constantin, la religion inventée par Paul de Tarse trouve un sponsor de taille. Et va devenir religion d’état. Ensuite, en 431, finalement,  le concile d’Éphèse proclame Marie mère de Dieu. Avant, on n’était pas vraiment sûr. Juste mère de Jésus, peut être ?

Mais là commence alors une brillante carrière.

Au VIe siècle, l’empereur de Byzance, Maurice, étend à toute l’Église byzantine la fête mariale du 15 août, déjà célébrée un peu partout en Orient. C’est la Dormition de la Mère de Dieu.

Au début, on fête la mort de Marie, mais aussi sa résurrection. Insuffisant.

C’est en 1950 que le pape Pie XII, après avoir consulté les évêques du monde entier, fait de l’Assomption un dogme de l’Église catholique, proclamant que "l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la vie céleste". La Vierge est restée immaculée, et elle n’est pas morte, ça ne se discute plus. Depuis 1950…… Juste un peu avant que l’humain n’aille sur la Lune.

Ben voilà. Mais sans attendre 1950, la planète s’est déjà couverte  de basiliques, de chapelles, d’oratoires, d’églises, de cathédrales à sa gloire, et ses apparitions se sont multipliées. Quel destin !

Je serais quand même curieux de voir la tête d’un des apôtres, au hasard Mathieu, s’il ressuscitait (je déconne !) aujourd’hui et qu’on le promène au Vatican d’abord, et à Notre Dame de ci, puis Notre Dame de là, puis au temple, pardon à l’église ou à la chapelle de saint machin et/ou saint truc ensuite !! Sa religion monothéiste, elle en a pris un coup …Je suis sur qu’il n’y croirait pas..

 

 

Petit parallèle avec le monde romain dans lequel Paul a évolué.

Le  fondateur de Rome, c’est Romulus.

Sa mère était vierge, et devait le rester. Ben oui. Vestale, à Albe (un bled du Latium)  dédiée à Mars –je crois- un jour, crac, elle rencontre le dieu dans un couloir du temple. Et hop, elle va accoucher de Romulus et Remus. Ça ressemble à quelque chose, non ?

Le roi d’Albe, auquel une astrologue a prédit qu’il serait tué par un enfant qui vient de naitre, fait occire par précaution tous les nouveaux nés. A sa décharge, l’époque était rude. Bref, un massacre des Innocents avant l’heure. Mais la vestale vierge (enfin, on sait plus, là) met les gosses dans un panier d’osier et les fout sur le Tibre. (Tant elle avait lu la Bible, et l’histoire de Moise). Le panier flotte, et finalement sera recueilli par une soi disant louve. En latin « lupa » signifie louve, c’est vrai, mais aussi femme de mauvaise vie. Prostituée, quoi. Puisque le mot « lupa » a donné le mot français « lupanar ». (Un endroit où l’on prend son panard, bon, je sors). Cette prostituée a bon cœur, elle va s’occuper des gosses. Parce qu’une vraie louve les aurait sans doute bouffés. Mais la dame, elle, est super sympa. Sur ce plan là, beaucoup de religions ressemblent aux westerns hollywoodiens des années 60 : il y a toujours une pute au grand cœur !!

Ensuite, évidemment, les jumeaux vont régler son compte au roi albain. Pour faire bonne mesure, Romulus va également occire son frangin, comme un Caïn quelconque le ferait avec Abel. A sa décharge, l’époque était vraiment rude. Devenu roi de Rome, il va avoir une fin qui diffère suivant les versions : soit il est mis à mort, même mis en morceaux, bref un supplice infamant genre crucifixion, par ses sujets, soit, au contraire, il s’élève à la fin de sa vie dans les cieux, vers le paradis des Romains.

 Jésus plus tard synthétisera, en quelque sorte, ces deux versions romaines !

Petite précision : je suis athée……

 

A lire, pour ceux que cela intéresse, des ouvrages d’où est tiré l’essentiel du billet ci-dessus :

« Survivances païennes dans le monde chrétien » par Arthur WEIGALL (un pasteur anglican)

« Jésus après Jésus » et « Jésus contre Jésus » de Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR

« Jacques, frère de Jésus » de Pierre-Antoine BERNHEIM

« Romulus » de Thierry CAMOUS, Editions Biographie Payot

« Histoire de la Rome Antique ; les armes et les mots », Editions Hachette Pluriel Référence) de Lucien JERPHAGNON (Remarquable!)

Un roman « L’homme qui devint dieu » de Gérald MESSADIER .

Un autre roman « Néropolis, roman des temps néroniens » (Editions Julliard Pauvert) de Hubert MONTEILHET. (Superbe)

Et……. La Bible, ancien et nouveau Testament (ce n’est pas un roman…quoique).

 

 

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